"Mon oeuvre cherche à mettre en évidence la force et la faiblesse de l'homme, ainsi que l'ambivalence de ses sentiments profonds. Ces caractéristiques se fondent pour mieux traduire la continuité de l'esprit de l'humanité." -
Pearl Levy
REVUES

UN TOUCHE SPÉCIALE par Stephanie Whittaker
PEARL LEVY: FEMMES DE PIERRE par Louise-Marie Bédard
LA FORME DE L´ÂME par Jean-Claude Leblond
Revue par John Meyer, Editor, Magazin'Art
Revue par Louise-Marie Bédard
UN TOUCHE SPÉCIALE
Montreal Home Magazine, Volume 2, Automne 2009
En bronze ou en marbre, une sculpture signée Levy est une expérience tactile
Par Stephanie Whittaker
Le plus grand compliment que vous puissiez faire à Pearl Levy au sujet de son art est d'y toucher. C'est une bien bonne chose, car il est difficile de resister à l'envie de passer la main sur les lignes sinueuses des marbres et des bronzes complexes créés par cette sculpteure montréalaise.
"J'adore que les gens touchent mes pièces", dit-elle.
Il y a beaucoup à voir dans ces interpretations ambigues de paysages. Ou s'agit-il plutôt de parties du corps? En touchant, on peut tenter de découvrir l'intention de l'artiste.
Pearl Levy travaille tant la pierre que le bronze. Le processus de l'un est l'inverse de l'autre. "Il faut casser la pierre, alors qu'il faut former le bronze."
La forme curvilinéaire de la femme est un thème qui revient souvent. Avec ses hanches rondes, Free Spirit, un marbre de 111 cm de haut, semble être en mouvement. Materna, un marbre rose faisant 45 cm de haut, exhibe un ventre légèrement bombé. Et First Born, un marbre de 66 cm de haut, représente le bras d'une mère aux hanches charnues qui tient un bébé emmitouflé.
Normbe de bronzes représentent une forme humaine élancée et svelte. Une mère tenant son enfant, un couple amoureux se regardant dans les yeux, un père entourant son enfant de ses bras protecteurs. "Lorsqu'ils sont ensembles, c'est qu'ils s'appartiennent l'un à l'autre. Il ne font qu'un", explique l'artiste.
Bien que Pearl Levy ne produise jamais plus de neuf bronzes du même moule, en 2004 elle en a créé dix qui la personifient dans une pose de grand-mère, bras tendus en demi-lune pour étreindre un enfant. Elle en a offert un à chacum de ses huit petits-enfants à l'occasion de son anniversaire. "Je l'ai appelé Étreinte perpétuelle", decrit-elle.
Pearl Levy se dit séduite par la tridimensionnalité de la sculpture, pour laquelle elle a opté il y a de longues années, délaissant la peinture, discipline qu'elle avait étudiée lorsque ses enfants étaient jeunes. C'est en 1970 que s'est opéré le changement, lorsqu'elle a fait la connaissance du sculpteur Stanley Lewis, qui enseignait la peinture au Lord Reading Yacht Club de Beaconsfield. "J'ai dit à Stanley que je ne voulais plus peindre, que je voulait qu'il m'apprenne à sculpter", dit-elle. "Il m'a tendu un morceau de pierre de savon et une râpe. Je ne savais qu'en faire. Mais dès que j'ai touché cette pierre, cela a été la fin de ma carrière de peintre."
Elle a continué à scuplter sous la tutelle de lewis pendant deux ans au Centre Saidye Bronfman, apres quoi elle s'est inscrite au baccalauréat en beaux-arts de l'UQAM, qu'elle a obtenu au début des années 1980.
Apres avoir fondé un studio en collaboration avec deux étudiants et de son professeur, Joan Esar, Pearl Levy a ouvert son propre studio en 1989, un espace lumineux situé dans une ancienne manufacture de matelas sur la rue St. Ambroise, près du canal Lachine, ou evolué une grouillante communauté artistique.
Elle travaille trois ou quatre jours par semaine et produit des pièces qui sont vendues dans six galeries de Baie St. Paul à Toronto. Ses pièces, que l'on retrouve dans les collections de particuliers et d'enterprises, sont évaluées entre $2,000 et $25,000 chacune.
L'ambiguité de ses sculptures de pierre est sans doute attribuable à la façon dont elle perçoit les paysages. "Inutile de chercher très loin l'inspiration", déclare-elle. "On la trouve dans tout paysage qui révèle une forme humaine. Une colline devient un postérieur, ou encore une tête ou des corps qui se touchent."
Une pièce à la cambrure prononcée appelée Paysage chevauche la zone grise entre un panorama et le corps humain. "Cela pourrait être une route ou encore un sein", explique-t-elle.
Une pierre imparfaite recèle parfois des surprises qui changent le cours de son travail. Elle travaillait récemment un morceau de travertin lorsqu'elle a remarqué une fissure marquée dans la pierre. "On peut parfois couper autour, mais la fissure peut etre plus profonde qu'elle n'en a l'air", précise-t-elle. "Je dois alors décider si j'abandonne la pièce ou si j'en fais deux sculptures. Dans ce cas-ci, j'ai créé deux pièces, l'une horizontale, l'autre verticale. C'est le défi de travailler avec la pierre. Il faut savoir changer de cap."
Pearl Levy songe parfois à retourner à la peinture, citant entre autres la lourdeur du marbre. Mais elle hésite. "Une pièce en trois dimensions se regarde et se touche sur toutes ses faces; tous les côtés doivent former un tout."
"Mon travail est comme l'etre humain: personne n'est parfait." Les formes sont rondes ou carrées, naturelles ou géométriques. Je l'exprime dans mon art; c'est ainsi que je fais le lien entre celui-ci et l'humanité."
PEARL LEVY: FEMMES DE PIERRE
Parcours, automne 2009
par Louise-Marie Bédard
Pearl Levy détient des secrets supérieurs à l’enseignement de la sculpture sur pierre et à la maitrise de cet art exigeant pour rendre visible ce qui est invisible. La vraie connaissance vient de l’intérieur de soi, sans conteste, mais pour faire couler la vie dans les veines du marbre, la technique qui rend à la fois la sensualité, la splendeur et I’immanence dans la perfection de la ligne ou de la courbe doit être remarquable.
A 80 ans, celle qui arrache sans relâche depuis des décennies une émotion à la pierre et fait jaillir du corps les émanations silencieuses de l’âme n’a rien perdu de sa fougue et de sa passion. Renommée pour les sculptures en marbre et ses bronzes, elle parle désormais avec animation de son “modern medium”, l’aluminium, dont elle fait éclater avec la même dextérité la froideur et la durété.
Donnez-lui une matière dure, brute et inerte, elle n’y imprimera pas que des formes et des mouvements, mais également le rythme, le rayonnement et la chaleur de la vie, comme un puissant fluide intangible. Ce magnétisme invisible de l’âme humaine, qui grave un caractère aux formes et une expressivité justes aux mouvements des corps, donne aux créations toute leur vitalité dans un réalisme dépouillé. La finition joue un rôle décisif dans le rendu de ces sculptures. Elle influe de maniere significative sur l’esprit, le caractere et la puissance évocatrice de l’oeuvre, miroir des pulsions intérieures. Le grain, brut et texturé ou soigneusement poli, creux, bosses et contours formant un tout harmonieux, appelle la lumière et éclaire le regard séduit par l’éclat de la pièce finie.
Son approche introspective et son écoute sensorielle du corps humain procèdent d’un engagement technique, physique et émotionnel peu commun, qui donne à ses abstractions leur équilibre et leur vibrants accents de vérité organique. Le langage universel de la forme qui ne supporte pas l’interprétation, par l’évidence de l’harmonie créée dans l’alternance de la ligne droite et de la courbe, inspiration et respiration, est sublimé.
La beauté chaste et pudique, en un mot, idéale, de ses nus féminins, porte l’empreinte durable de la vie divine, le corps n’étant que le vêtement de l’âme, de l’intelligence et de la sensibilité. Chacune de ses oeuvres, leçon de sagesse tridimensionelle, brise toutes les résistances dans la quintessance de la vie.
Le caractère universel de sa sculpture reflète ce besoin qu’éprouve l’homme moderne de découvrir le fondement commun à tous les êtres en dépassant l’individualisme et, ainsi, la représentation de sa propre réalité. Cette recherche de sens et d’essences amène la simplification des formes. En libérant toute matière superflue, Pearl Levy triomphe en produisant une impression puissante.
Ces pièces uniques, polies sur certaines faces seulement, offrant au regard des surfaces lisses et brillantes, d’autres brutes, rugueuses et plus sombres, sont admirables. A l’image de leur créatrice, elles ont sa modernité, sa durabilité et sa grande luminosité!
L’oeuvre de Pearl Levy est présente dans plusieures collections privées et d’enterprises (Bombardier, inc., Patterson International, Téléglobe Canada, Banque Royale du Canada, Montreal; Merrill Lynch, Québec; United Nations Association of Canada, Ottawa, etc.), principalement au Québec, au Canada, aux États-Unis et en Europe, sur terre et sur mer, en considerant que certaines de ses pièces voyagent en permanence sur le paquebot Royal Caribbean International “Voyager of the Seas”.
LA FORME DE L´ÂME
L´art de la sculpture est très proche de celui des jardins, mais davantage encore de celui de l´amour, car toujours, il s´agit d´une rencontre, d´un dialogue entre l´être et le monde, entre moi et l´autre.
Le jardin organise, aménage l´espace qu´il transforme en un lieu, celui d´une expérience du monde extérieur. La sculpture pour sa part organise, fabrique la forme de l´âme, en fait le lieu d´une expérience du monde intérieur. Loin de s´opposer, sculpture et jardin se complètent et s´intègrent.
C´est ce que, dans son travail sculptural, Pearl Levy raconte. Dans une alternance d´oeuvres organiques et d´oeuvres plutôt géométriques, elle laisse émerger du bloc de marbre ou de la pâte ce qui doit être manifesté. Chez elle, l´artiste détermine l´oeuvre tout autant qu´elle est déterminée par l´oeuvre. Michel-Ange ne concevait pas la sculpture autrement.
Émergent donc de la sculpture de Pearl Levy des formes douces, féminines, aux courbes délicatement soulignées, des formes sur lesquelles le regard glisse et instaure une rencontre, comme la main effleure le corps de l´autre et le rencontre. Il y a du mystère dans cette affinité car on ne parvient pas à dire de quoi elle est faite. C´est peut-être là que réside l´art de l´amour.
Dans ses oeuvres d´inspiration plus géométriques, la texture même de la pierre montre la respiration, la transpiration, la vie qui ne se laisse pas encadrer par le formalisme. Et chaque fois, un monde, c´est-à-dire, un lieu nouveau se crée. Les colonnades fabriquent une centralité, un nombril du monde: le temple.
Qu´est-ce qu´un temple sinon le lieu même de la rencontre de soi avec l´absolu, avec ce qui se situe au-delà de nous-mêmes.
Et en définitive, à quoi sert l´art sinon á nous faciliter le passage entre la réalité tangible de notre vie quotidienne et l´autre réalité, celle du mystère, de l´ineffable, du sacré et pour tout dire de Dieu.
Jean-Claude Leblond, février 1997
REVUE PAR JOHN MEYER
Nous aspirons tous à la perfection, cet idéal inaccessible que nous recherchons inlassablement. Quant à ce qui nous différencie les un des autres, c'est la somme de nos imperfections. Non seulement Pearl Levy reconnaît ce constat, mais elle le célèbre dans ses scuptures. Jamais tout à fait achevées, et ce volontairement; réduites à l'essentiel, elles laissent percevoir la différence qui naît de l'imperfection. Pourtant, les oeuvres de Levy font plus que nous parler; elles nous mettent au défi de reconnaître la disparité des êtres et nous encouragent, par conséquent, à se respecter les uns les autres.
Tailler la pierre ou couler le bronze ne relève pas d'un geste spontané. Le processus réclame temps et énergie. Pourtant, les sculptures de Levy nous donnent la nette impression d'avoir été crées sur place, là où elles se tiennent en public. Ceci reflète autant le profond respect du sculpteur pour la matière que la force créatrice de l'artiste. Cette qualité à elle seule assurerait la pérennité de l'oeuvre.
John Meyer, Editor, Magazin'Art
REVUE
PAR LOUISE-MARIE BÉDARD
Pearl Levy libère de la pierre naturelle ou du metal des formes émouvantes et saisissantes de vérité, avec une technique consommée et une rare sensibilité. Ses sculptures et ses bronzes vibrent de chaleur dans leur réalisme dépouillé, leur élégance lyrique et leur touchante simplicité. Transplanté dans l’oeuvre en trois dimensions, le coeur de l’artiste palpite dans ses personnages jaillis de la pierre.
Depuis plus de trente ans, Pearl Levy, idéaliste et perfectionniste, sculpte avec une grande finesse des formes, surtout humaines, dans des lignes droites ou courbes, dont les membres inférieurs sont souvent soudés. Ses représentations, comme autant d’odes à l’amour dans toute sa plénitude, nous renvoient à notre humanité, à nos propres liens, à nos racines, à l’essentiel. . Au-delà de sa maîtrise de l’art exigeant de la sculpture dans une matière aussi résistante, l’artiste sublime les liens humains avec une force créatrice peu commune. Bien polies, éclatantes dans la lumière, ses oeuvres célèbrent la quintessence de la vie.
Louise-Marie Bédard, Parcours Art & art
de vivre
SOMMET
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